Sakawa
Ils parcourent les sites de rencontre, créant de faux profils de femmes étonnantes, dans l’espoir d’attirer les hommes occidentaux crédules. C’est le « Sakawa », un terme ghanéen qui décrit la rencontre entre les rituels spirituels africains et l’escroquerie illégale sur Internet. Magnifiquement filmé et monté de manière experte, Ben Asamoah évite les interviews, ou même de nommer les personnes à l’écran, préférant suivre les escrocs ghanéens au chômage qui discutent avec leurs « clients ». Dans une scène, un jeune homme rit avec sa fille ; dans une autre, il imite une voix absurde et aiguë dans ses appels à son client américain. Alors qu’il rêve d’une vie meilleure en s’installant en Italie avec sa famille, il s’efforce d’escroquer l’argent de son « bébé » et, par désespoir, se tourne vers un prêtre vaudou pour obtenir sa bénédiction. L’approche de Sakawa est humaine, et non statistique ; aucun narrateur ou expert ne s’immisce avec ses analyses et ses chiffres abstraits. Lorsque les escrocs discutent, en riant, que les hommes du Royaume-Uni nommés Peter sont les cibles les plus faciles, ils le font entre eux, sans faire référence à la caméra. Bien que le film troublant d’Asamoah ne traite pas explicitement du colonialisme, de l’inégalité ou de l’excès occidental, il met en lumière une autre facette des escroqueries sur Internet, à des milliers de kilomètres de distance, et nous laisse nous débattre avec ce résultat troublant qui donne à réfléchir.
- Genre: Film documentaire
- Pays, Année: Belgique, Pays-Bas, 2018
- Longueur: 81 Min
- Réalisateur: Ben Asamoah