Virtual Onanism (2022)
Un concept par Beatrice Gorelli et codé par Kerem Türkyilmaz
La première pandémie a bouleversé notre monde : nous avons été témoin de l’un des usages les plus massifs de l’histoire de l’Internet. Des personnes de tous âges ont dû apprivoiser l’utilisation de dispositifs numériques ou d’applications, même pour se rendre à l’épicerie. Sans parler des relations interpersonnelles, qui ont dû migrer sur les appareils numériques en l’espace de quelques jours. L’utilisation de Whatsapp a ainsi atteint le chiffre record de près de 80% en Europe. Les données montrent que les plateformes de vidéo pornographique ont également pris une part importante dans nos vies. PornHub a reporté plus de 39 milliards de recherches au cours de l’année 2019, ce qui équivaut à 18 073 téraoctets de données transférées par jour, environ 40 % d’augmentation du trafic chez les utilisateurs masculins et féminins.
De manière générale, l’autoérotisme était considéré comme un acte naturel chez les Grecs et les Égyptiens. Mais au milieu du XVIIe siècle, il a été condamné par les plus hautes personnalités de l’époque, comme le médecin suisse S. A. Tissot ou les philosophes I. Kant et J.J. Rousseau, qui l’ont qualifié de « profanation de l’humanité ». Des superstitions pseudo-scientifiques ont persisté jusqu’à une époque récente, réduisant l’acte de la masturbation à une sorte d’aveuglement.
L’œuvre interactive soulève la thématique de la masturbation dans les médias virtuels. Imaginez votre ordinateur ou votre smartphone comme un miroir, vous retournant les actions inconditionnelles, qui sont réalisées durant l’acte de la masturbation ; une fois l’utilisateur.trice familiarisé.e avec l’interface dans laquelle il identifie ses mains, elle évolue soudainement et se change en une vidéo de masturbation – procurant au spectateur un sentiment inattendu. Le résultat peut être considéré comme une collection d’activités biologiques liées aux mouvements de plaisir les plus personnels qui nous unissent dans un moment profond, intime et collectif.